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Grève fantôme dans l’éducation : Bli Blé et l’illusion d’un mouvement syndical majoritaire

Publié par Hermann Adepo sur 3 Avril 2025, 23:51pm

Grève fantôme dans l’éducation : Bli Blé et l’illusion d’un mouvement syndical majoritaire

Malgré des appels tonitruants à la grève lancés par l’Intersyndical du Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (IS-MENA) et celui du Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage (IS-METFPA), la réalité sur le terrain, elle, est tout autre. Loin d’un soulèvement général du corps enseignant, c’est une véritable désaffection que cette mobilisation a connue, réduite à peau de chagrin dans la plupart des localités du pays. Retour sur les dessous d’un mouvement en perte de légitimité.

Ce lundi 31 mars 2025, les salles de classe étaient pleines à Abidjan comme dans la majorité des régions du pays. Les cours ont été dispensés normalement, les enseignants présents à leur poste, les élèves studieux, tout comme à l’ordinaire. Le mot d’ordre de grève lancé quelques jours plus tôt par les deux intersyndicats n’a tout simplement pas pris. Selon les chiffres communiqués par le Ministère de l’Éducation Nationale, seules 9 directions régionales sur 41 ont connu des perturbations partielles. Un échec patent.

Ph : image d'une salle de classe dans un établissement technique

Pourtant, le gouvernement, dans une volonté manifeste d’apaisement, n’a pas attendu le bras de fer pour entamer les discussions. Dès le 28 mars, la Ministre d’État, Anne Désirée Ouloto, recevait les meneurs syndicaux afin d’ouvrir le dialogue sur les revendications. La question au cœur du conflit : la prime d’incitation des enseignants. Une doléance légitime mais prise en compte, selon les autorités, par un comité d’experts mis en place à cet effet. Le professeur Mariatou Koné, ministre de l’Éducation Nationale, s’est également engagée dans cette dynamique, appelant au respect du droit à l’éducation et rencontrant, le 2 avril, 14 syndicats non-grévistes, dans un esprit de consensus.

Ph : image des enseignants désolidarisés au sortir d'une rencontre avec Mme la ministre d'Etat, Mme Anne Désirée Ouloto

Face à cette mobilisation mitigée, certains grévistes, au premier rang desquels Bli Blé David, ont adopté des méthodes qui interrogent. Sur les réseaux sociaux, des images de classes vides circulent, déconnectées de la réalité, souvent extraites d’archives. Dans certaines localités reculées, on dénonce des blocages orchestrés par des enseignants radicaux pour empêcher les élèves d’accéder aux salles de classe.

Pire encore, des rumeurs persistantes font état de messages de chantage adressés à la Ministre d’État par le leader syndical lui-même, exigeant son retour dans la Fonction Publique en échange de l’arrêt de la grève. Pourtant, Bli Blé est officiellement à la retraite depuis le 1er janvier 2025. Ce détail, qui n’en est pas un, interroge sur la nature réelle de son combat : lutte syndicale ou règlement de compte personnel ?

Autre fait troublant : la concordance des activités des frondeurs syndicaux avec certaines manœuvres de l’opposition politique. Le calendrier des actions de grève semble curieusement aligné avec celui de certains partis, laissant entrevoir une instrumentalisation du mécontentement syndical à des fins partisanes.

Ph : Bli Blé, président à la tête du mot d’ordre de grève dans le milieu de l'éducation en Côte d'Ivoire. Image d'illustration prise sur le net

Ce que révèle cette « grève fantôme », c’est une fracture au sein même du corps enseignant, entre syndicats radicaux et modérés, entre volonté de dialogue et stratégie de confrontation. Elle montre également les limites d’un leadership qui ne convainc plus, et dont les intentions sont aujourd’hui remises en question, y compris parmi les enseignants eux-mêmes.

Alors que l’avenir de milliers d’élèves est en jeu, il est plus que jamais nécessaire de privilégier la voie du dialogue. Car, au-delà des intérêts personnels ou politiques, c’est l’école ivoirienne qui mérite d’être protégée.

Ph : Salle de classe du primaire en plein cours

 

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