Les metteurs en scène Dieké Cédric et Ahoba Steve ont ressuscité dans une œuvre théâtrale " La carte d'identité" de Jean Marie Adiaffi, le vendredi 17 mai 2024, sur la scène de la Fabrique Culturelle à Abidjan. Le tout, interprété dans un subtil mélange d'argot ivoirien et d'alexandrin. À travers l'ouvrage, l'auteur ivoirien écrit la tragédie de l'Afrique à la recherche de son âme. Il explore le racisme, le colonialisme et l'identité.
Il y a 44 ans, en 1980, sortait un livre qui allait marquer toute une génération et sans doute au-delà : La carte d'identité de Jean Marie Adiaffi. Une œuvre relatant l'histoire de Mélédouman, un prince Agni, requis à se présenter au bureau du commandant de cercle Kakatika, pour attester son identité en raison d'un doute sur le document produit. Faute d'avoir pu administrer la preuve de son identité, le prince est molesté et jeté en prison. Son arrestation suscite l'émoi et la contestation de son peuple.
Une nouvelle adaptation théâtrale de ce roman est présentée dans un style particulier. Le décor laisse toute la place à 13 acteurs assis à même le sol, tous des étudiants de l'Institut National Supérieur des Arts et de l'Action Culturelle (INSAAC).
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Dans l'obscurité, le spectacle " La carte d'identité" s'ouvre avec une note plutôt triste. Torses nus, chants, pleures, cris, coups, pieds et mains liés tels des esclaves. Pour Ahoba Steve, l'un des metteurs en scène, l'objectif était de montrer au public l'identité et la culture africaine.
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<< Dans la pièce, les filles étaient vêtues de pagnes en coton. Le haut était vide parce que c'est ainsi que nos mères s'habillaient. J'ai voulu représenter textuellement ce qui était, la colonisation. La lumière variait en fonction des idées que je voulais représenter dans chaque élément de la pièce. Au début, tout était noir parce que l'Afrique ploingeait. Puis on voit que la lumière vient continuellement pour montrer que l'Afrique se réveille. La lumière rouge apparaît également pour dire qu'il ya des zones de danger >>, a-t-il dit.
Le spectacle dure 45 min. Le casting est impeccable. Kamagaté Iriassou endosse le rôle d'Adjepônne, le donneur de coups. Yao Bienvenu joue le rôle du commandant Kakatika, tandis que Kouakou Assamoi Franck Olivier incarne Mélédouman, le personnage principal.
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<< Mélédouman disait que sa carte d'identité, c'était les marques sur son visage. C'est son sang qui est sa carte d'identité, c'est son histoire. Il n'a pas besoin d'un papier pour représenter sa carte d'identité. C'était magnifique ! Plusieurs personnes se sont identifiées au spectacle >>, a-t-il souligné.
Il ne reste plus que 10 acteurs : 6 filles et 4 garçons. Ce sont eux, les esclaves, dans le récit. Cette adaptation de " La carte d'identité" de Jean Marie Adiaffi a laissé le public sans voix. Un public qui n'a pas manqué de féliciter toute l'équipe en fin de spectacle, dans la phase question-reponse.
Écrivain, scénariste, cinéaste, Jean Marie Adiaffi est mort le 15 novembre 1999. Son roman " La carte d'identité" a reçu le grand prix littéraire d'Afrique noire.
IMA DIA